Effet de mode ? Véritable ligne pour l’agriculture de demain ? L’Agriculture Ecologiquement Intensive (notée AEI) fait couler de l’encre, soulève quelques débats et interroge les agriculteurs.
Mais une fois le concept décrypté, s’ouvrent tous les champs du possible pour produire demain tout en ayant moins de ressources disponibles. Alors, saisissez l’opportunité d’explorer ensemble de nouvelles voies !
Historique et base du concept
Evoqué pour la première fois en 2007 par Michel Griffon, chercheur à l’INRA dans le cadre du Grenelle de l’environnement, le pari de l’AEI repose sur l’idée de « produire mieux avec moins » en tirant le meilleur parti de la nature dans un contexte où les ressources naturelles (eau, sol, énergie,…) se raréfient.
Produire plus et mieux avec moins?
A l’échelle mondiale, l’agriculture devra nécessairement produire plus pour nourrir 9 à 10 milliards d’hommes en 2050. Mais au niveau européen, il s’agit surtout de maintenir les niveaux de production pour répondre aux besoins des consommateurs tout en réduisant l’utilisation d’intrants et de ressources non renouvelables. L’enjeu est double : rémunérer le travail des producteurs dans le cadre d’outils de production viables économiquement et socialement et préserver les ressources environnementales.
Un coup de peinture verte ?
Michel Griffon répond : « Les idées n’appartiennent à personne. Tout dépend du sens que l’on donne à l’action. » Il serait stérile de juger le concept lui-même. Il faut surtout y voir un sujet qui redonne du sens au métier d’agriculteur et qui invite à progresser et à explorer de nouveaux champs pour l’agriculture de demain.
Une démarche globale
L’AEI ouvre la voie à de nombreuses investigations et invite les agriculteurs à revisiter leur système dans sa globalité : techniques de travail du sol, allongement des rotations, valorisation des fourrages, sélection génétique, économie d’énergies en bâtiment, valorisation des effluents d’élevage, aménagement parcellaire…
Une démarche de progrès
L’intérêt de l’AEI réside avant tout dans la démarche de progrès dans laquelle chaque producteur peut s’inscrire. Loin d’être un cahier des charges précis, un label ou un référentiel qui indiquerait la marche à suivre, l’AEI se pose en guide : tous les systèmes de production peuvent y trouver des ressources pour progresser en conjuguant économie et écologie.
Une démarche stratégique
Qu’elle soit de précision, à haute valeur environnementale, biologique, de conservation ou durable, l’agriculture nourrit les hommes et entretient avec son environnement des liens particulièrement étroits. Au-delà d’associer de façon paradoxale écologique et intensif, l’AEI est l’occasion pour chaque producteur d’affirmer sa stratégie de production face aux enjeux sociétaux et environnementaux. Il revient aux producteurs de fixer leurs propres objectifs d’évolution en suivant leurs motivations et les valeurs importantes de leur métier. Ils analysent ensuite l’environnement de l’entreprise agricole en identifiant ses atouts, contraintes, opportunités et menaces. A partir de là, il ne leur reste plus qu’à se mettre en action pour atteindre les objectifs !
La force du groupe pour progresser
Les groupes d’échanges techniques et prospectifs représentent un cadre idéal pour s’approprier les enjeux de l’AEI et explorer de nouvelles pistes de développement. Le travail collectif sur la notion d’AEI peut intervenir à plusieurs niveaux de la réflexion :
• en découverte, avec l’intérêt des échanges au sein du groupe, l’ouverture aux multiples visions que chaque participant peut apporter.
• en formation approfondie sur les thématiques que l’AEI peut recouvrir : le contenu des thématiques peut être défini collectivement et chaque participant fixe ses objectifs individuels, au regard de son propre système. Il se positionne au regard de ses pratiques actuelles et se fixe des étapes pour améliorer les pratiques sur lesquelles il souhaite progresser.
La plus-value du groupe repose sur l’effet « miroir » des expériences individuelles partagées en groupe. Effet de mode ? Récupération commerciale ? Coup de peinture verte quelques années après des démarches « agriculture raisonnée » avortées ? Finalement, peu importe ! Pour les agriculteurs, c’est une nouvelle opportunité de réflexion à saisir pour se projeter vers les agricultures de demain. Pour conduire cette réflexion, le groupe de développement garantit l’enrichissement de chacun par le partage d’expériences, le questionnement et l’échange.
Pour en savoir plus : Aurélie RIO Union des GVA – 02 97 46 22 83
Voir aussi http://www.aei-asso.org/